Une pièce de théâtre, quatre films, cinq angles différents sur ce sujet d'actualité.

Blindness, Fernando Meirelles

Pour ce thème, oserai-je proposer le film « Contagion », avec Matt Damon ? Je ne suis probablement pas la seule à y avoir pensé, mais je ne choisirai pas ce film (un peu trop anxiogène par les temps qui courent).
Je propose le film « Blindness » de 2008, avec L’excellent Mark Ruffalo et la non moins talentueuse Julianne Moore.
La Terre est victime d’un drôle de virus qui rend les hommes aveugles, du jour au lendemain et sans comprendre pourquoi. Seules quelques personnes ne semblent pas affectées par ce mal.
L’armée va alors décider d’isoler tous ces malades afin d’éviter la propagation de ce virus. Ainsi les humains se retrouvent « parqués » dans des hangars, livrés à eux-mêmes, sans voir et donc sans pouvoir faire quoi que ce soit. Manger devient compliqué, car tout travail s’arrête.
Dans cette histoire, une femme, qui n’est pas touchée par le virus décide d’accompagner son mari dans ce confinement imposé, pour rester avec lui. Elle va pouvoir l’aider à survivre, ainsi qu’un petit groupe avec lesquels ils se retrouvent enfermés. La solidarité va s’installer. Mais, malgré cela, les enjeux et les guerres de pouvoir dominent toujours.
Tiens, tiens, cela rappelle un peu quelque chose… L’intérêt du scénario est de montrer que notre société n’est pas adaptée aux handicaps, comme la cécité et que les hommes peuvent très vite retrouver leur instinct de survie, qui s’accompagne de la violence, lorsqu’un Mal se propage sans que l’on comprenne comment. Le suspense est maintenu, le jeu d’acteur parfait. Espérons que cela reste de la fiction.

 blindness

L’épidémie, Octave Mirbeau

Brève farce qui met en scène les hommes politiques d’une ville face à une épidémie de typhoïde contre laquelle ils ne font rien tant que l’un des leurs n’en est pas victime. Le pire c’est que Mirbeau a puisé son inspiration dans un reportage qu’il avait lui-même réalisé à Lorient en 1888 (reportage disponible sur Gallica, la bibliothèque numérique de la BnF). Cynique et grinçant, ce texte met en lumière l’hypocrisie des puissants et les inégalités sociales criantes. Tout une époque, peut-être pas si lointaine. On rit bien malgré tout…
Vous trouverez le texte de cette pièce en suivant ce lien : https://www.theatre-classique.fr/pages/pdf/MIRBEAU_EPIDEMIE.pdf

lepidemie

Only lovers left alive, Jim Jarmush

Quand la contagion est une malédiction : le vampire !… (présentation de deux films)
Cette contamination qui a inspirée de nombreux films, est ici traité par Jim Jarmush dans Only lovers left alive, un long-métrage de 2013, à contre-courant du genre.
En effet vous ne verrez ni ail, ni pieux ni crucifix… par conséquent aucun vampire prédateur ni frissons sanguinolents ! Le film inverse le point de vue conventionnel : Nous sommes du côté des vampires qui ont une conscience à l’image de leur âge. Ils ont des siècles d’existence et s’avères donc peu avides ou brutaux. Au contraire on les découvre cultivés, délicats, esthètes, inspirateurs des plus grands créateurs et garants de leur mémoire. Les voici donc en décalage total avec notre époque qu’ils trouvent déliquescente et déshumanisée par la surindustrialisation. Comme ces vampires préfèrent lire de la poésie et composer de la musique au lieu de tuer, ils achètent du sang aux labos, et c’est bien là un des rares bienfaits de la modernité dont ils profitent (bien que les humains pollués produisent du sang parfois toxique !). A cette crise généralisée et à la dépression (notamment celle) d’Adam l’un des vampires principaux, il existe un antidote : tout est dit dans le titre (« seuls les amoureux survivrons »). Son amie vampire, dotée de ce supplément d’âme positive qui manque tant au héro désabusé par la contamination humaine… incarnera le sentiment rédempteur de l’amour !
Un film au romantisme noir, telle une fable contemporaine nostalgique et musicale, douce et tendrement crépusculaire…

 only lovers left alive

Entretien avec un vampire, Neil Jordan

Un deuxième film dans la même « veine » !
Contagion… par morsure ! Pour faire une pause, parce que les virus, on en entend quand même beaucoup parler ….
Entretien avec un vampire (Neil Jordan)
Le film « Entretien avec un vampire » est une adaptation du livre d’Anne Rice. Il commence en 1990 où un journaliste interviewe Louis qui se dit vampire et raconte son histoire. Nous le suivons 2 siècles plus tôt, à la Nouvelle-Orléans, où, jeune aristocrate qui vient de perdre sa femme, il traine son mal de vivre. Ce n’est pas la mort souhaitée, mais la vie éternelle qui viendra à lui par la morsure de Lestat, vampire désabusé et cynique qui devient par ce baiser son compagnon et son mentor.
Loin de jouir de son nouvel état, Louis le rejette, répugnant à ôter la vie et préférant se nourrir de sang de rats. Cette existence lui semble vaine et il y cherche un sens, comprenant que Lestat, désireux de garder son savoir pour lui-même, ne lui enseignera rien. Celui-ci, inquiet d’être quitté par Louis, brave les interdits et « contamine » une petite orpheline dont les parents sont morts de la peste (contagion, encore !), Claudia, conscient qu’elle pourrait donner une raison de vivre à Louis en lui offrant ainsi un rôle de père. Les relations de la fillette et de Lestat s’enveniment au fil du temps. Ayant essayé de se débarrasser de leur « créateur », Claudia et Louis fuient vers la vieille Europe où Louis espère bien trouver des réponses aux origines des vampires et à leur raison d’être…
Car si chaque vampire porte en lui l’esprit de l’époque où il est né, il doit capter l’essence de celles qu’il traverse pour survivre.
Absolument réjouissant, esthétiquement raffiné et… franchement flippant, le film de Neil Jordan, sorti en 1994, est une très fidèle adaptation du best-seller d’Anne Rice. Avant-gardiste, l’attirance entre Lestat/Louis puis Louis/Armand est évidente et ne laisse pas de doute sur leur relation. Le couple Lestat et Louis élevant la petite Claudia est un exemple rare d’homoparentalité au cinéma.
Par ailleurs, la grande réussite du film tient à son choix d’acteurs jouant à contre-emploi. Brad Pitt, excellent en vampire nostalgique à jamais, Antonio Banderas à mille lieux de ses rôles chez Almodovar en immortel mystérieux venu du fond des âges et surtout… Tom Cruise quasi-méconnaissable dans la composition de ce personnage ambigu, sensuel, cruel et drôlatique : étonnant ! Anne Rice d’abord furieuse du choix de l’acteur pour interpréter son personnage (la plus grosse erreur de casting de Hollywood) s’est publiquement excusée après avoir vu le film, tant elle a été impressionnée par la performance de Tom Cruise. Sans oublier la petite Kirsten Dunst, terrifiante et dérangeante en petite fille qui ne l’est que par l’apparence et dont c’étaient les débuts prometteurs.
Comme le journaliste, vous supplierez d’être « contaminés » !

 entretien avec un vampire

Shaun of the dead, Edgar Wright

Résumé rapidement, Shaun est un trentenaire qui partage son temps entre ses amis et son pub préféré. Lassée, Liz sa petite amie le quitte. Shaun va alors tout tenter pour sauver son couple malgré l’armée de zombies qui arrivent à Londres.
Essayons de rire du thème de la contagion. Shaun of the Dead c’est un film de zombie, avec les gimmicks attendus mais les héros sont des monsieur et madame tout le monde. Voir un peu plus balourds que la moyenne. Leur citadelle contre les hordes de morts-vivants ne sera autre que le pub Winchester !
Série B revendiquée, le film fait partie de la « Blood and Ice Cream Trilogy », trio de films parodiant respectivement les films de zombies (Shaun of the dead donc), les films d’action/policiers (Hott fuzz, le meilleur des trois à mon humble avis) et les films de science-fiction (Le dernier pub avant la fin du monde).

 shaun

 

 

Proposé par les bibliothèques suivantes :

  • Conservatoire à Rayonnement Départemental
  • Les Mureaux (Médiathèque Communautaire)
  • Rosny-sur-Seine
  • Vaux-sur-Seine (La Martinière)